Un siècle d’histoire pour les CrowdStrike 24 Hours of Spa

A century of history at the CrowdStrike 24 Hours of Spa
  • La 76e édition des CrowdStrike 24 Hours of Spa sera celle du centenaire
  • Initialement inspirée du Mans, la classique belge a trouvé sa propre voie pour devenir unique en son genre
  • Après l’époque dorée des courses pour voitures de tourisme, ce double tour d’horloge est devenu la plus grande course de GT au monde à partir de 2001 

La 76e édition des CrowdStrike 24 Hours of Spa marquera un anniversaire de taille pour la plus grande course de GT au monde. Organisée pour la première fois les 19 et 20 juillet 1924, la grande classique belge fêtera en effet son centenaire du 26 au 30 juin 2024 ! L’histoire des 24 Heures de Francorchamps, comme on appelait cette course au 20e siècle, aurait pourtant pu s’arrêter à plusieurs reprises. À partir de 1964, le double tour d’horloge ardennais a toutefois su cultiver ce qui le rend unique et le passage aux voitures de Grand Tourisme en 2001 a permis de polir un diamant plus brillant que jamais.  

Inspirés par les premières 24 Heures du Mans mises sur pied en 1923, les dirigeants de la fédération belge du sport automobile ont tout d’abord suivi la même voie. Programmées quelques semaines après la classique sarthoise, les 24 Heures de Francorchamps 1924 sont en quelque sorte « la revanche du Mans ». Même si les marques belges Speedsport et Miesse sont au départ, les constructeurs français sont majoritaires et c’est la Bignan 2 litres d’Henri Springuel et Maurice Becquet qui s’impose après 1.879 km à 78 km/h de moyenne. Sans surprise, ou presque, cette première édition a été marquée par la présence de la pluie et du brouillard. Le public était déjà au centre des attentions avec de larges tribunes et une fête foraine.

La lente érosion

Si les premières années sont encourageantes, les 24 Heures de Francorchamps n’ont pas l’aura des 24 Heures du Mans, sans parler des effets dévastateurs du krach boursier de 1929 sur l’économie. Ainsi, après une édition 1933 décevante, la course disparait un an, puis est organisée une année sur deux, en alternance avec le Grand Prix de Belgique. En 1934, 1935, 1937 et 1939, aucune épreuve de 24 heures n’est organisée sur le célèbre triangle tracé entre Francorchamps, Malmedy et Stavelot. 

Après la deuxième guerre mondiale, les autorités ont rapidement reconstruit le circuit et les 24 Heures de Francorchamps reviennent dès 1948, un an plus tôt que Le Mans. Sportivement, les deux éditions d’après-guerre ne manquent pas d’intérêt. Par contre, sur le plan financier, c’est un désastre. L’épreuve disparait de nouveau du calendrier. Une ultime tentative en 1953, dans le cadre de la création d’un Championnat du Monde FIA pour Voitures de Sport, ne parvient pas à inverser la tendance d’une épreuve qui est bien malgré elle restée dans l’ombre des 24 Heures du Mans. Nombreux sont ceux qui pensent alors que les 24 Heures de Francorchamps appartiennent au passé…   

1964 : la renaissance  

Il faudra attendre 1964 et l’intervention de Paul Frère pour voir les 24 Heures de Francorchamps faire leur retour. Le journaliste-pilote (vainqueur au Mans en 1960) et Hubert de Harlez, qui représente le Royal Automobile Club de Belgique, veulent toutefois rendre la classique belge unique en son genre. Puisqu’elle ne peut pas être la plus grande course d’endurance au monde et sachant que Le Mans se tourne toujours plus vers les prototypes, Spa-Francorchamps doit accueillir la plus grande épreuve de la planète pour les voitures de tourisme. Pour les constructeurs, c’est la plateforme idéale pour démontrer la fiabilité et le niveau de performance de leurs voitures dites « de série ». 

Les performances, d’ailleurs, sont épatantes ! Sur leur Mercedes-Benz, Gustave Gosselin et Robert Crevits avalent 3.962 km à une moyenne de 164 km/h, pulvérisant l’ancien record de 1953 (152 km/h de moyenne pour la Ferrari). Le spectacle est à la hauteur et tant les concurrents que les spectateurs répondent présent. Cette fois, les 24 Heures de Francorchamps ont trouvé leur voie.

Toutefois, une nouvelle menace pourrait tout remettre en cause : le manque de sécurité du Circuit de Spa-Francorchamps ! Depuis toujours, sa rapidité a rendu le tracé ardennais aussi captivant que dangereux, ce qui lui a d’ailleurs coûté sa place dans le calendrier de la Formule 1 après le Grand Prix de Belgique 1970. Même les voitures de tourisme atteignent des vitesses folles. En 1972, la Ford Capri RS des vainqueurs Jochen Mass et Hans-Joachim Stuck a tourné pendant 24 heures à la vitesse moyenne de 187 km/h… arrêts aux stands compris !

L’ajout de rails de sécurité ne suffit pas et a souvent un effet pervers : les voitures en perdition rebondissent et reviennent sur la piste, parfois en pleine trajectoire… Entre 1964 et 1975, la course est endeuillée à six reprises et pas moins de 9 pilotes y laissent la vie. Heureusement, la création d’une nouvelle portion reliant les Combes et la carrière de Blanchimont permet de ramener la longueur du tracé à moins de 7 km pour les 24 Heures de Francorchamps 1979.

Dans les années ’80, les courses pour voitures de tourisme sont de plus en plus populaires et le double tour d’horloge belge, tête d’affiche du Championnat d’Europe (et même d’un éphémère Championnat du Monde en 1987) connait un fantastique développement. La disparition de la compétition européenne fin 1988 marque toutefois le début d’un nouveau déclin. Faute d’une réglementation internationale appropriée, l’épreuve se cherche et les catégories Supertourisme et Superproduction ne parviendront jamais à rallumer une flamme qui s’éteint peu à peu. Même si 82 voitures prennent le départ en 2000, la qualité globale du plateau n’a probablement jamais été aussi faible. Le public ne répond plus présent et il est évident que le statu quo n’est pas une option. Une fois encore, les 24 Heures de Spa – leur appellation depuis 1998 – doivent se réinventer.

Le tournant du Grand Tourisme

Au cours des années ‘90, les courses pour voitures de Grand Tourisme sont en plein développement, principalement grâce à Stéphane Ratel. Après s’être associé à Patrick Peter et Jürgen Barth pour lancer le BPR en 1994, le patron de SRO Motorsports Group collabore avec la fédération internationale depuis 1997 dans le cadre du FIA GT. La compétition propose des voitures spectaculaires, performantes, attractives, aux sonorités aussi variées que mélodieuses... Les GT, qui ne peuvent pas se battre pour la victoire au classement général lors des 24 Heures du Mans, trouvent dans ce championnat international un encadrement idéal avec des courses de 500 km. Mais il manque au GT une course iconique, une épreuve-phare qui peut se baser sur une longue histoire. Dans un tel contexte, pas étonnant que les 24 Heures de Spa et le GT (via SRO) étaient faits pour se rencontrer. Le pari est gagné : dès le changement de philosophie, en 2001, le public fait massivement son retour dans les tribunes.  

La suite, vous la connaissez. La montée en puissance de la catégorie GT3 (une autre création de Stéphane Ratel) en a fait l’unique catégorie au départ des CrowdStrike 24 Hours of Spa. Alors qu’une dizaine de constructeurs sont présents, toutes les voitures au départ sont toutes des GT3. Techniquement, elles peuvent donc toutes l’emporter, seule la qualité de l’équipe et le niveau des pilotes faisant la différence. Aujourd’hui, les différentes classes dans la liste des engagés dépendent de l’équipage, pas de la voiture. Aucune autre course ne présente une grille de départ de 70 voitures avec un tel niveau de performance et de compétitivité. Le doute n’est donc pas permis : les CrowdStrike 24 Hours of Spa sont non seulement la plus grande course de GT au monde, mais aussi l’une des plus belles épreuves de sport automobile sur la planète.

---

BILLETTERIE ICI